Avant-Propos
Salut à toi, Autrice, Auteur, Lectrice, Lecteur ou Curieux, moi c’est Big Brother ! Après un temps d’absence, me revoici pour ton plus grand plaisir.
Aujourd’hui, pour te prouver que tous nos Brigadiers sont super bons, c’est la bêta-lecture de Charlotte FO, une jeune recrue, qui t’es proposée. Pour rappel :
- si tu es un Auteur, tu peux être accompagné(e) sur toute ton oeuvre ou bien recevoir une critique audio
- si tu es un Lecteur ou un Correcteur, je peux te payer pour aider des auteurs du monde entier
On recrute, alors n’hésite pas à t’inscrire ou à partager. Sur ce, c’est parti !
Un mot de la bêta-lectrice Charlotte
Chère auteure, même si toutes mes remarques semblent péremptoires, je tiens à préciser qu’elles sont entièrement subjectives et que je ne détiens pas la vérité sur la meilleure façon de raconter cette histoire !
1 • Un Scénario qui oscille entre le très bon et l’inexplicable
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Le résumé
Le résumé évoque sans conteste les styles littéraires auxquels l’œuvre se rattache : notamment l’adolescente mal dans sa vie et l’existence d’un monde caché où règne la magie. On y retrouve les critères les plus courants du fantastique : la magie, un passé enfoui, un monde à sauver. Ce sont des points qui répondent aux attentes des amateurs du genre. Il manque cependant une petite touche qui pourrait mettre en avant l’originalité du roman. Ce qui justifierait le choix de ce récit et non d’un autre sur le rayonnage d’une librairie. En revanche, il annonce bien la couleur quant aux fées qui n’ont ici rien de marraines bienveillantes. Cela suscite l’intérêt et donne envie d’en savoir plus et de découvrir l’univers de l’auteure. D’autant plus que les fées sont relativement peu exploitées de nos jours dans la littérature de l’imaginaire.
À propos du titre, il m’a tout d’abord déstabilisée. C’est un titre assez inhabituel lorsque l’on s’attend à un roman de fantasy, avec cet infinitif au début. Pourtant, dès le résumé et l’évocation de fées et de dragons, il commence à se justifier. Puis, par la suite, avec l’évolution des personnages, on imagine qu’il collera parfaitement à leur prise d’indépendance liée au passage à l’âge adulte. Avec une couverture adéquate, le roman saurait donc attirer les bons lecteurs dans les rayons d’une bibliothèque.
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L’histoire
Les 10 premiers chapitres, dont il est question ici, sont plutôt cohérents. On n’a aucun mal à se repérer dans la chronologie. Des points restent à éclaircir, dans la mesure où l’héroïne n’en est qu’aux débuts de sa quête. Ce sont eux qu’il faudra surveiller au moment des révélations. En effet, des pistes et des amorces de réponses sont données au personnage, mais ce ne sont encore que des bribes à ce stade de la lecture.
Certains points m’ont tout de même laissée perplexe.
Par exemple, je n’ai pas compris pourquoi sa mère était si gentille avec Lisanna lors de sa toute première apparition, si finalement elle la déteste. Plus loin dans le récit, on nous dit que c’était une feinte. Quel intérêt, puisqu’elles ne sont que toutes les deux (si on omet le bébé de 11 mois !) et qu’il n’y a donc personne à tromper ? On a plutôt l’impression que l’auteure a changé d’orientation en cours de route. De même, rien dans la description de la mère ne laisse deviner qu’elle est alcoolique, alors qu’apparemment ça ne date pas de la veille. Cela laisse des traces, et même si le lecteur ne comprend pas le problème immédiatement (c’est d’ailleurs très bien comme ça), la description n’est pas crédible. Pas plus que le fait qu’elle toque à la porte en attendant gentiment que sa fille lui donne la permission d’ouvrir…
Concernant les fées, Mlle Light a un nom tout à fait anglophone, et Uséma dit quelques mots en anglais après la capture de Lisanna. On s’attend donc à en apprendre la raison, mais ce n’est pas le cas. On se demande alors si la raison existe vraiment.
Pour ce qui est de l’enlèvement, il a l’air d’être perpétré par les fées de la Dévastation pour en apprendre plus sur Mlle Light, cette dernière apparaissant alors comme la cible. Néanmoins, lorsque Lisanna refuse de révéler son nom, en dépit de leur cruauté, de leur méchanceté et de leur puissance, ils ne semblent rien pouvoir faire pour la forcer à parler. Une fois devant le Roi, idem. On ne lui pose pas de questions, et ce qui était au départ annoncé comme la raison de son enlèvement n’est plus du tout abordé. Au contraire, puisqu’ils suivent Mlle Light à la trace depuis des années, ils doivent bien tout savoir d’elle… Encore une fois, on se demande si c’est clair pour l’auteure. Ce la ne peut donc pas l’être pour le lecteur !
Dernière incohérence qui me vient à l’esprit : le fait que Lis aille voir le roi maléfique pour lui parler de sa sœur. Elle est prisonnière depuis plusieurs jours, et la seule chose qui la fait sortir de sa réclusion et aller affronter son ennemi, c’est la curiosité envers une fille qu’elle connaît à peine ? Qu’elle prenne son courage à deux mains pour aller lui demander une bonne fois pour toutes ce qu’il lui veut, ça semble cohérent. Mais là, je n’ai pas adhéré, d’autant plus que cette conversation se révèle au final décevante. Elle n’apporte pas de réponses ni n’épaissit le mystère. Aucun intérêt, donc, si elle reste telle quelle.
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L’enchainement des événements est-il cohérent ?
Certains évènements paraissent s’enchaîner uniquement pour les besoins de l’histoire, et nécessiteraient une justification pour être tout à fait crédibles.
Pour commencer, l’apparition de « la bizarre » au collège le jour même de l’entrevue de Lisanna avec sa professeure. Pourquoi ne l’a-t-elle jamais remarquée auparavant ? Il faudrait justifier son apparition subite. De même, la raison de la convocation de Lisanna par son enseignante reste floue. Pourquoi ce jour-ci précisément ? Peut-être en apprend-on davantage par la suite. L’enlèvement, lui aussi, suscite quelques interrogations : dans le récit, il semble être provoqué par les circonstances. Mais à en croire les ravisseurs de Lisanna, il était prémédité. Ensuite, la jeune fille passe de prisonnière assez mal traitée à invitée de marque, et même princesse, sans que l’on comprenne vraiment pourquoi ce revirement a lieu. Ne la soupçonne-t-on pas depuis le début d’être la fille du roi ?
Malheureusement, elle parvint à s’enfuir et à emporter avec elle une des deux princesses qui venaient de voir le jour. L’autre, quant à elle, fut éduquée par son père qui avait converti toutes les fées de la Paix en fée de la Dévastation. Et moi, je suis Yalurmia Darkstare, la fameuse fille abandonnée par sa mère et héritière au trône.
Pas de suspense concernant ce qui aurait pu être une révélation. Pour peu que l’on connaisse un tant soit peu les codes du genre, la moitié de ces indications suffirait à en déduire qui est vraiment Lisanna. Ça manque un peu de subtilité. En général, ce genre de déclaration est soit une fausse piste, soit une maladresse. Malheureusement, ici, cela semble être une maladresse.
Tous ces points donnent à penser que le roman n’est pas assez mature. S’ils proviennent d’une volonté de l’auteure, le lecteur doit en avoir conscience pour pouvoir se laisser porter. Sinon, il se sent un peu balloté et peine à s’immerger totalement dans le récit.
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Les intrigues sont-elles intéressantes ?
Plusieurs intrigues se profilent.
D’abord, la quête des origines de l’héroïne, qui semble néanmoins menée un peu trop facilement. Le fait de ne pas retrouver sa mère biologique aussitôt après les révélations laisse toutefois un peu de suspense. Par contre, la famille adoptive de Lisanna intrigue, et l’on a envie d’en apprendre plus. On ignore à ce stade du récit si elle va être reléguée au second plan ou au contraire, bien exploitée. Quant à sa sœur jumelle, elle semble dissimuler des secrets, jusqu’à ce que l’entrevue avec le Roi ne vienne tout gâcher : il balaie le suspense d’une simple réplique qui transforme un potentiel mystère en simple hasard de la nature. Si c’est dans le but de tromper le lecteur, une fois de plus, c’est fait avec maladresse. Certes, le lecteur aime se faire balader et surprendre. Mais il aime aussi avoir l’impression de pressentir les choses. Là, la porte semble définitivement close et l’on passe à autre chose, alors que l’auteure a peut-être prévu d’incroyables révélations autour de ce personnage. Sauf que lorsqu’elles tomberont finalement, ce sera comme un cheveu sur la soupe, parce qu’on aura manqué le premier virage… J’y reviendrai en abordant le style et la forme.
L’intrigue promise par le résumé est ébauchée vers la fin de la lecture, alors que Lisanna fuit le monde des fées avec Aliud. Le fait que les dragons lui sauvent la mise dans le but de trouver des alliés pour renverser le Roi pourrait d’ailleurs être une piste à explorer par la suite. Pourquoi Lisanna va-t-elle rejoindre leur cause ? Par pur altruisme, comme tout héro d’heroic fantasy qui se respecte, ou bien parce qu’elle a une dette à payer ? En quoi ces aventures vont-elles faire office de rite de passage vers l’âge adulte ? La suite nous promet la découverte de l’univers des fées, et l’on a hâte de s’y plonger.
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S’imbriquent-elles bien ?
Certains événements semblent un peu survolés, notamment la période de captivité de Lisanna et la rencontre avec les dragons. La chronologie est cohérente, mais le récit donne l’impression que chaque intrigue est traitée séparément des autres. En d’autres termes, on a la sensation que les intrigues se suivent, mais ne s’imbriquent pas. Cela peut donner l’impression que le récit manque de substance, ce qui est dommage.
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Il y a-t-il une prise de risque ?
Au cours des 10 premiers chapitres, on reste plongé dans des intrigues classiques du fantastique (plutôt que de la fantasy) et du YA.
2 • Un Univers qui se cherche encore (?)
Est-il intéressant ? Riche ? Complexe ? Fait-il penser à un autre univers ?
On ne découvre que peu l’univers féérique à ce stade de la lecture. Une description du village des fées de la Dévastation est faite lorsque Lisanna le traverse, mais on ignore tout du monde de vie des habitants. Par contre, l’ambiance du château est assez bien décrite et mériterait même qu’on s’y attarde davantage. Le travail des fées qui extraient un mystérieux minerais laisse lui aussi présager que l’univers créé par l’auteure réserve des découvertes intéressantes. Les bananes qui servent d’œufs aux dragons est une idée assez loufoque, mais intéressante. Le fait qu’il s’agisse apparemment de « vraies » bananes, et non de cosses ayant la forme de bananes détonne tout de même un peu avec l’aperçu que l’on a eu du reste de l’univers (d’où mon choix de l’adjectif loufoque au détriment d’originale).
Est-il cohérent ?
Il est encore difficile d’en juger après ces premiers chapitres. On se demande comment le monde dissimulé a pu devenir aussi terne, si c’est le cas partout (il semble que non, puisque les dragons vivent dans un endroit coloré), et comment y entrer ou en sortir. Au cours de sa captivité, Lisanna ne découvre ni coutumes, ni frontières, ni plats locaux ou autres détails qui font la richesse d’un univers. Elle ne pose pas autant de questions que l’on pourrait légitimement l’imaginer. On attend donc d’en savoir plus…
Est-il crédible ?
Idem. Les univers magiques ont rarement besoin de justifications s’ils sont riches et cohérents. L’aperçu que l’on a de celui-ci semble crédible pour le moment.
Il y a-t-il des imprécisions ? Trop d’informations ?
Il y a parfois des détails qui ne paraissent pas nécessaires. Par exemple, le nombre d’habitants de Nerazur, au début.
Remarque sur le chapitre 9 :
Lis a quitté les terres désolées, on le comprend grâce à la description de son environnement. Le fait qu’elle n’ait aucune réaction face à ce nouveau décor m’a interpelée.
3 • Des Personnages incohérents ou incompréhensibles
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Sont-ils intéressants ? Sont-ils cohérents ?
Je développerai plus bas mes impressions sur les personnages.
Concernant exclusivement la cohérence, j’ai remarqué que Mlle Light, équipée d’yeux couleur saphir à l’arrivée de Lisanna dans sa classe, était ensuite dotée d’iris émeraude… Par ailleurs, Yalurmia change de prénom en cours de route pour revenir ensuite à celui de départ. Une relecture serait nécessaire pour corriger ces imprécisions.
– Passons à la crédibilité des personnages :
Leurs réactions sont souvent incohérentes, trop vives, trop exacerbées ou illogiques.
Quelques exemples que j’ai relevés :
« Ah parce qu’en plus, mademoiselle croit qu’elle mérite que je lui fête l’horrible jour de sa naissance ? Sale égoïste ! Va plutôt te préparer ! » Lui hurla l’autre en réponse, se retenant visiblement de la frapper.
On se demande si l’on a raté un paragraphe durant lequel la mère subissait une métamorphose 😉
Et alors que l’autre soupira, un jeune garçon qui devait avoir son âge, aux cheveux d’ébène, le teint pale et les yeux gris, avec le même style vestimentaire que l’autre fille, fit son entrée dans la pièce. Alors qu’il lui lança un regard enjôleur accompagné d’un sourire charmeur, Lisanna se sentir rougir.
Elle vient de se faire enlever par des créatures mythiques et peu commodes. Logiquement, elle devrait être tellement abasourdie que même ses hormones dopées d’ado ne réagiraient pas x)
la vérité est que nous avons toujours voulu dominer ce monde afin de le débarrasser des êtres inférieurs qui le peuplent, et de bénéficier de ses terres
Là, c’est plus le récit que le personnage que j’incrimine. Soit Yalurmia fait de l’esbroufe, auquel cas il faudrait qu’on s’en aperçoive, soit c’est la vérité et elle est formulée si tôt dans l’histoire et si brutalement que cela casse tout l’effet de la déclaration.
– Le cas par cas :
Lisanna :
Elle manque un peu de profondeur. Ses réactions sont fortes, alors que l’on a peu d’informations sur ce qu’elle ressent. Cela empêche de vraiment s’identifier à elle. Ses émotions devraient être traduites avec plus d’attention, et pas seulement par la description de ses réactions, comme c’est souvent le cas.
La jeune fille frissonna. De quoi son père serait-il bien capable exactement et dans quoi venait-elle de s’embarquer exactement ?…
Durant sa captivité, elle ne semble pas penser à sa maison ni à sa famille, comme si tout cela n’existait pas. Et durant toute la visite du château, elle ne pose pas de questions sur Uséma. À ce stade, elle aurait dû se renseigner sur lui.
Elle pourrait être extrêmement attachante, parce qu’elle n’a pas une histoire facile, et que sous son apparente faiblesse se cache forcément une grande force. On se doute qu’elle a beaucoup à offrir. Lorsqu’elle se jette subitement sur « la bizarre », avant de se faire enlever… Justement, c’est bizarre ! Qu’est-ce qui lui passe par la tête ? Lisanna est l’archétype du personnage normal arraché à sa vie et amené à changer. Et une personne normale ne ferait pas ça, si ? J’ai déjà évoqué le rendez-vous avec le roi maléfique, donc je n’y reviendrai pas. Enfin, je suis surprise que Lisanna ne l’ait pas été davantage (surprise) en rencontrant un dragon doué de parole.
Yalurmia :
De la même manière, le personnage de Yalurmia, qui paraît monochrome de prime abord, laisse entrevoir une subtilité inattendue. La jeune fille élevée dans la haine semble avoir désespérément besoin d’amour et d’espoir. Mais la scène de la gifle dans la bibliothèque est traitée maladroitement. On a l’impression que l’auteure brandit une pancarte rouge au-dessus du personnage pour nous signaler qu’il recèle des secrets. Cela peut donner l’impression au lecteur qu’on le pense incapable de se douter tout seul qu’il y a anguille sous roche. Et ça, le lecteur n’apprécie guère. Un simple silence froid ou un évitement du regard de Lisanna auraient été bien plus adaptés et efficaces à mon goût.
La mère (adoptive ?) de Lis :
J’en ai déjà parlé plus haut. J’ai l’impression que l’auteure n’a pas encore choisi ce qu’elle devait être. Pourtant, il a de quoi faire.
Uséma :
Pour le moment, il me semble cohérent. Le type aux allures de beau gosse qui pourrait être un allié, mais dont le lecteur se demande finalement s’il n’est pas le vrai pervers de la bande. Il pourrait bien nous réserver quelques mauvaises surprises. Bien exploité, il a beaucoup de potentiel !
Le Roi :
Je n’ai pas d’avis sur le Roi, ce qui est un problème en soi. L’héroïne passe plusieurs jours aux mains de celui qui est sensé être le méchant de l’histoire, et à l’issue de ce laps de temps, le lecteur n’éprouve rien à son égard. Il faudrait peut-être retravailler les scènes où il apparaît afin de lui donner une direction. Histoire que l’on sache à quoi s’en tenir (ou que l’on se fasse manipuler par l’auteure, ça marche aussi ! Ce qui compte, c’est qu’on se fasse une idée du personnage, qu’on le craigne, qu’on le déteste, qu’on soit curieux…).
Mlle Light :
Je n’ai pas non plus eu le temps de me faire une idée d’elle. Sa convocation ne me paraît pas naturelle, son insistance à aider Lisanna non plus. Quand on apprend qu’elle est probablement sa mère, on se demande au contraire pourquoi elle a attendu tout ce temps en la laissant se faire maltraiter par tout le monde.
Les dragons :
Je suis étonnée que seule Rubis ait essayé de faire griller Lisanna. Sa rencontre avec les dragons se passe un peu trop bien compte tenu du fait qu’ils la prennent pour une mangeuse de dragonneaux… Aliud est vraiment trop gentil avec elle, même si par la suite, dans la grotte, sa réserve face à sa proposition d’amitié est plus cohérente. À ce propos, d’ailleurs, j’ai trouvé que Lisanna y allait un peu fort. Elle lui offre de devenir sa sœur de substitution alors qu’elle vient juste de le rencontrer. N’oublions pas non plus que quelques jours auparavant, elle ignorait jusqu’à l’existence des dragons.
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Les relations qu’ils entretiennent semblent-elles plausibles ?
Pour le moment, tout semble un peu trop binaire ou un peu trop facile. Le lien entre Yalurmia et son père reste à définir, tout comme celui avec Uséma, dont on ignore toujours qui il est. En revanche, malgré quelques maladresses, les relations entre les jumelles promettent d’être intéressantes et subtiles.
4 • Des Thèmes
Quels thèmes ?
Les thèmes abordés dès le début sont la maltraitance et le harcèlement scolaire. Ce dernier n’est pas souvent traité dans les univers fantastiques. Néanmoins, j’ai eu l’impression qu’il s’agissait surtout de montrer à quel point Lisanna n’était pas à sa place dans notre monde. La maltraitance psychologique que l’on devine de la part du Roi envers Yalumria sera sans doute davantage développée.
L’amitié et les liens familiaux seront sans doute à l’honneur par la suite, tout comme le dépassement et la valorisation de soi. Autant de thèmes qui parleront au lectorat ciblé.
Quels enjeux ?
L’enjeu, outre la quête initiatique permettant de s’émanciper qui est annoncée par l’auteure, pourrait être de mettre en lumière certaines souffrances subies par les enfants et les adolescents. En se mettant à la place d’une victime, les lecteurs (des adolescents, donc) pourraient devenir plus sensibles à ces douleurs souvent vécues dans l’ombre et l’isolement.
5 • Une Forme appréciable et recherchée
Le lexique
Certains passages semblent avoir été travaillés plus que d’autres. Sans être pauvre, le lexique mériterait d’être diversifié. Il y a de nombreuses répétitions de mots (les « chers camarades », par exemple, ou : pour les remercier, leur on demandait comment ils pourraient les remercier) et d’expressions, comme lors des descriptions dans le château des fées (« velours », « rouge » etc). Il y a aussi quelques erreurs de lexique, comme « inquisiteur » à la place « d’accusateur », seule dans un lieu empli d’ébène. Ébène est ici mal employé.
Comment qualifier le style ?
Globalement, le style est assez simple, parfois un peu trop « oral ». En revanche, certaines phrases très bien tournées témoignent d’un beau potentiel littéraire (la première phrase, notamment, bien que l’emploi de la première personne pour le narrateur soit surprenant). Certaines tournures sont agréables et d’autres maladroites. Les phrases sont souvent trop longues ou mal articulées. Le style manque un peu de maturité.
Quelques exemples :
Phrase trop longue ou mal articulée :
Elle avait beaucoup de boutons, une paire de petites lunettes noires, un appareil dentaire, était très maigrichonne mais également trop grande pour son âge et se nommait Lisanna Marco.
Tournure à revoir :
Le nourrisson dans ses bras était encore bien potelé, le teint aussi blanc que sa mère ayant déjà une épaisse touffe de cheveux blonds.
Lourdeur :
La jeune adolescente
Association de langage plutôt familier, voire oral, et de langage plutôt soutenu :
courant comme une dératée sans prendre garde aux regards perplexes des passants.
Formulation maladroite :
C’est alors qu’au bout de six minutes de course effrénée, apparue la « pente de l’enfer » comme l’appelaient Lisanna et les autres élèves ayant tendance à arriver en retard. Elle prit le temps de reprendre un peu son souffle et, d’un coup, se mit à courir le long de cette pente qui montait atrocement, juste au-dessus, se trouvait l’école.
« Alors que » et « tandis que » ne doivent pas être suivis par un passé simple mais par un imparfait. Alors qu’il courait, tandis qu’elle lisait.
Globalement, j’ai relevé pas mal de souci de concordance des temps, y compris des paragraphes où passé et présent sont mêlés.
Lisanna Marco était en classe de 4ème et était âgée de 13 ans et demi. Ayant redoublé son CP, elle a, par la même occasion, déclaré la guerre à l’éducation.
Comme évoqué plus haut, certains passages alourdissent le texte sans servir l’histoire.
Par exemple, la recherche du scotch dans la trousse où l’on précise que Lisanna se pique avec son compas… Cela n’a aucun impact sur l’histoire et ralentit le récit.
Autre passage qui alourdit l’histoire :
Elle se leva en baillant, de grosses cernes sous les yeux, elle tituba jusqu’à la porte de sa chambre qui donnait directement sur un long couloir sombre qui n’avait aucune source de lumière hormis une fenêtre à chaque extrémité, la porte de la chambre de sa mère était au fond en face, celle de son petit frère à côté, celle de son aîné juste à côté de l’escalier, en face de sa propre chambre, la porte de la chambre de sa grande sœur était en face de celle de sa mère et celle de la cadette à côté de celle de la rouquine.
À moins que ce ne soit utile par la suite, je n’en vois pas l’intérêt et l’on a plutôt envie de voir l’histoire avancer.
Enlever ces passages permettrait de se recentrer sur les descriptions et les informations qui comptent vraiment : celles qui ont de l’importance dans l’histoire, et celles qui permettent de poser l’ambiance du récit.
Enfin, brièvement : certaines phrases en disent trop. Il ne faut pas s’inquiéter : les lecteurs ont généralement de bonnes facultés de déduction. Même le jeune public. Et ils aiment les utiliser. Il ne faut donc pas insister lourdement sur les mystères, ça gâche tout. J’ai déjà développé ce point et je me contenterai ici d’un exemple de phrase en trop selon moi :
certes, sa chambre luxueuse et ses beaux vêtements, sans compter son repas exquis, auraient dû lui mettre la puce à l’oreille mais malgré tout, elle ne s’y attendait pas. STOP ! Surtout qu’elle ne comprenait pas pourquoi elle avait droit à tant de faveurs et d’attention. EN TROP : on a compris que c’était louche, et on a compris qu’elle avait compris que c’était louche 😉
La présentation générale
Les sauts de ligne entre les paragraphes et la mise en forme globale du texte freinent la lecture. Les dialogues ne sont pas mi en forme selon les normes française pour ce type d’écrit (cadratins, incises), des coquilles subsistent, la ponctuation n’est pas toujours adaptée. Le texte n’est pas justifié.
Enfin, les notes de bas de pages : premièrement, elles ont été ajoutées en sautant des lignes, donc ce ne sont pas de vraies notes intégrées au document et qui restent bien à leur emplacement. Penser à les insérer via le menu de l’éditeur de texte. Par ailleurs, si elles indiquent le sens des noms des protagonistes dans une langue qui existe, préciser laquelle. Sinon, ces informations seront découvertes par le lecteur quand les personnages en parleront.
Charlotte FO
Sache que ce que fait Charlotte FO dans cette critique n’a rien d’exceptionnel :
- si tu es un Auteur, tu peux être accompagné(e) sur toute ton oeuvre ou bien recevoir une critique audio
- si tu es un Lecteur ou un Correcteur, je peux te payer pour aider des auteurs du monde entier
On recrute, alors n’hésite pas à t’inscrire ou à partager. Que la Plume soit avec Toi !
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